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Le CHR et la Maison Marie Immaculée unissent leur destin

Article du New's 18, paru en mars 2016

Avec cette nouvelle année qui démarre, c’est aussi une nouvelle page de son histoire qu’écrit le CHR Haute Senne. Après plus d’un an de discussions, il vient de fusionner le 1er janvier avec l’hôpital de soins palliatifs ‘Le Goéland’ de la Maison Marie Immaculée (MMI). Au-delà de la fusion de deux numéros d’agrément, c’est aussi le départ d’une nouvelle collaboration en réseau pour les patients âgés et les patients en perte d’autonomie.

L’idée de fusionner Le Goéland et le CHR Haute Senne résulte d’une réflexion face à la réalité hospitalière actuelle. “La Maison Marie Immaculée possédait 6 lits agréés de soins palliatifs organisés en hôpital (Le Goéland). Aussi petit soit-il, celui-ci devait
toutefois répondre aux mêmes normes que tout autre hôpital. Les règles, les normes et les contraintes de l’hôpital devenant de plus en plus strictes, MMI avait de plus en plus de difficultés à les satisfaire (ex. obligation de se mettre dans mycarenet, le dossier patient informatisé, les contrôles de pharmacie,…). C’est ainsi qu’ils ont pensé qu’il serait intéressant de s’associer à une structure hospitalière qui avait déjà développé ces compétences. Nous nous réjouissons bien sûr qu’ils se soient tournés vers nous”, confie le Dr Didier Delval, directeur général du CHR Haute Senne.

Choix logique

“L’unité de soins palliatifs ‘Le Goéland’ est une unité de soins qui existe au sein de MMI depuis plus de 20 ans puisqu’elle est née en 1994. Il y a 20 ans voyait également le jour le CHR Haute Senne. La naissance des deux institutions était donc concomitante”, rappelle Pierre Demolin, président de MMI.

“Vingt ans d’activité, vingt ans de personnel formé, puis nous nous sommes en effet rendu compte que ce tout petit hôpital de six lits agréés allait commencer à poser certains problèmes administratifs et d’infrastructure. Et comme MMI, qui progresse considérablement depuis 20 ans, se trouve à côté du CHR Haute Senne, qui progresse aussi considérablement, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas allier nos efforts au niveau des soins palliatifs, mais pas seulement… également au niveau de toute la politique des personnes âgées”, poursuit Pierre Demolin.

C’est ainsi qu’est né ce projet de collaboration entre les deux institutions. La première étape est la fusion entre le CHR et ‘Le Goéland’, qui reprend l’activité du Goéland, tout en laissant celle-ci sur le site de Neufvilles et en gardant le personnel
qui a été formé pendant ces 20 ans et qui travaille dans ce cadre-là depuis la création de l’institution. La deuxième étape sera le développement de tout un réseau de soins.

Fusion mais pas à n’importe quel prix

La Maison Marie Immaculée s’est donc tournée vers le CHR, mais pas à n’importe  quel prix, ce qui paraissait logique aux yeux de la direction de celui-ci. “Une de leurs exigences était que les lits de soins palliatifs devaient garder leur visibilité et leur
reconnaissance d’aujourd’hui car il s’agit vraiment d’une prise en charge de grande qualité, pour le patient”, relate Didier Delval. La deuxième exigence de MMI était que ces lits restent sur le site actuel de Neufvilles. “C’est un autre engagement que nous
avons pris parce que l’infrastructure est réellement adaptée. Je ne conçois pas d’aller mettre 6 lits de soins palliatifs au 3e étage d’un hôpital… C’était un cadeau pour nous, CHR, qu’ils nous choisissent comme partenaire, afin que nous puissions proposer cette offre de soins à nos patients. Il allait donc de soi que nous respections leurs exigences”.

Plus qu’une fusion

Au-delà d’une fusion de deux numéros d’agrément, les deux institutions se sont vite rendu compte qu’elles pouvaient nourrir d’autres projets ensemble. “Nous avons directement réalisé que nous pouvions aussi construire un réseau de soins pour la personne âgée et la personne en perte d’autonomie. La Maison Marie Immaculée comporte un grand nombre de lits de maison de repos et de soins. Elle compte aussi 36 lits pour personnes polyhandicapées, 5 lits de patients coma, 3 résidencesservices. Elle a donc une offre de soins complémentaire à la nôtre”, explique le directeur général du CHR.

“Or, aujourd’hui, il faut clairement inscrire le patient dans un trajet de soins, qui commence ou pas à l’hôpital, qui termine ou pas à l’hôpital. L’hôpital est un endroit de transit. L’endroit où le patient termine sa vie peut être chez lui de préférence, mais aussi
pourquoi pas dans un court séjour, dans une résidence service, ou encore dans une maison de repos. On s’est ainsi aperçu qu’on avait ensemble pas mal de maillons de la chaîne. Et vu que le concept de réseau de soins est aujourd’hui une réalité incontournable, on s’est dit qu’ensemble, on pouvait offrir une bonne partie d’un réseau de soins pour la personne âgée et en perte d’autonomie dans un bassin de vie qui est le nôtre”, poursuit le Dr Delval.

Autres synergies

Outre les synergies dans l’offre de soins, Didier Delval pointe d’autres collaborations possibles. “Des synergies sont notamment possibles aux niveaux informatique, logistique, financier, pharmacie, ressources humaines,… L’idée est donc de mutualiser
nos services, de potentialiser ce que chacun fait. Tout cela est bien sûr à construire”. L’idée qui a jailli peu à peu était ainsi de faire rentrer MMI comme associée du CHR. “Le but n’était pas de créer des comités supplémentaires. Nous avons décidé d’essayer de regrouper les forces vives en présence et le pouvoir décisionnel à un seul et unique endroit, où l’on peut discuter de tout. Plutôt que de créer une a.s.b.l. faîtière qui vienne recouvrir les deux, nous avons décidé de faire rentrer l’une dans l’autre. Nous avons ainsi donné une place du Conseil d’administration à un représentant de MMI qui sera bien sûr le relais pour tout ce qui est soins palliatifs, mais qui pourra aussi entendre, discuter, animer tous les autres projets connexes qui
vont se développer dans le cadre du réseau. En l’occurrence, c’est un siège des mutualités chrétiennes qui est donné à MMI.”

Une vieillie histoire d’amour

Dans les faits, la collaboration entre le CHR et MMI existait déjà depuis longtemps. 30% des patients palliatifs de MMI, tout comme une bonne partie des patients des maisons de repos de MMI, venaient déjà du CHR. “Il y avait déjà des liens. Nous avons donc décidé de construire sur ces liens-là. Bien sûr, cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Nous sommes partis pour plusieurs années de travail. Il s’agit d’un projet qui s’inscrit dans une politique de santé qui veut que l’hôpital sorte de
ses murs pour offrir des soins transmuraux et que chacun ait un rôle à jouer en complémentarité”.

Dans les faits

Concrètement, pour le personnel du Goéland, rien ne change ou presque. Seuls leurs contrats sont transférés au CHR Haute Senne. Par ailleurs, un accompagnement de l’ensemble du personnel est prévu : “Nous avons aussi décidé de
créer un comité de pilotage composé paritairement de membres du CHR et de MMI pour accompagner le personnel dans cette fusion et de manière globale puisqu’il y a encore pas mal de services que MMI va devoir fournir au Goéland. Le Goéland va être géré au niveau médical par le CHR, mais la logistique, les repas, etc. seront fournis par MMI”, explique Fabian Toussaint, directeur général de MMI.

Au niveau de l’organigramme, MMI aura un mandat à l’Assemblée générale et au Conseil d’administration du CHR Haute Senne et le CHR Haute Senne aura, quant à lui, un mandat au sein de l’Assemblée générale de MMI. “Donc finalement, nous
apportons l’agrément avec nous au sein de l’Assemblée générale du CHR”, commente Fabian Toussaint. “Certes, nous avons dû quelque peu adapter nos statuts afin de pouvoir accueillir à notre Assemblée générale et à notre Conseil d’administration un représentant de MMI. Mais il n’y a pas de bouleversement majeur  car nous avons tenu à maintenir la parité public/privé, mais aussi philosophique”, ajoute Jean-Luc Thomas, président du CHR. “Quand j’ai parlé de ce projet autour de moi, j’ai reçu un accueil enthousiaste, quelles que soient les formations politiques dans lesquelles j’abordais le sujet. C’est donc avec une certaine facilité que tout le monde s’est rallié au projet”.

Projets d’avenir

Enfin, les deux institutions réfléchissent également sur des projets d’avenir, avec par exemple l’objectif pour MMI d’ouvrir un cabinet médical dans ses bâtiments à Neufvilles, partant du constat qu’il est parfois difficile de déplacer les résidents
jusqu’à l’hôpital. Ainsi, pour des soins spécialisés (ex. : gynécologie, ophtalmologie,…), mais qui ne demandent pas trop d’équipements techniques, l’idée serait que les médecins du CHR se déplacent à la maison de repos. Ce n’est là qu’un
exemple des nombreux projets qui animent les deux institutions aujourd’hui et que le temps aidera certainement à concrétiser.

France Dammel