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Ronflements : Chuut, plus de bruit...

Voilà un problème qui, dans 80% des cas, concerne les hommes. Mais, souvent, ils arrivent en consultation d’ORL ou de Pneumologie tirés-poussés par leurs conjointes : elles n’en peuvent plus de leurs ronflements ! Voici comment les Drs Chebly Dfouni (ORL) et Michel Vander Stappen (Pneumologue), ainsi que M. Bartolo Russello (Kinésithérapeute) peuvent les réduire au silence...

 

Dr Chebly Dfouni : « Trouver l’obstacle »

Bonne nouvelle : « Le ronflement reste sans conséquence sur la santé », rassure le Dr Chebly Dfouni, ORL au CHR Haute Senne. Il n’empêche : cette problématique socialement gérante mérite de recevoir des solutions. Pour ce faire, « il s’agit de situer l’obstruction des voies respiratoires qui provoque et explique la cause du ronflement », précise le spécialiste.

Parmi les sources possibles de « lieu du crime » : le nez, le voile du palais, les amygdales ou bien la base de la langue. Mais le ronflement est également lié à d’autres facteurs : l’obésité (présente dans 80% des cas), le tabac, l’alcool, une allergie ou bien certains médicaments responsables d’un relâchement des muscles. « Nous proposons donc d’agir sur ces causes. Ainsi, perdre quelques kilos suffit parfois à résoudre le problème », rappelle l’ORL.

Selon les cas, des médicaments ou bien d’autres thérapies, passant par des interventions relativement mineures (une cautérisation) jusqu’à la septoplastie (correction d’une déviation de la cloison nasale), amygdalectomie ou par d’autres opérations, parfois lourdes, produisent de bons résultats. Mais il vaut mieux traiter le problème dès qu’il apparaît… Y compris chez les enfants, chez lesquels le ronflement provoque apnées et fatigue diurne.

 

Dr Michel Vander Stappen : « Parfois, c’est une maladie… »

« Dans certains cas, il ne s’agit pas seulement de résoudre le ‘problème de bruit’ posé par le ronflement. En effet, il faut s’assurer que ce dernier n’est pas le symptôme d’apnées du sommeil. Cette maladie, très répandue dans la population, entraîne aussi des répercussions physiques et psychiques, souligne le Dr Michel Vander Stappen, Pneumologue au CHR Haute Senne. Par ailleurs, lorsqu’une chirurgie importante est envisagée par l’ORL pour résoudre un ronflement, un bilan, via le laboratoire du sommeil, s’impose également de manière systématique ».

L’apnée concerne 4% de la population, dont 11% des hommes de la cinquantaine et un peu moins des femmes (avec une probable sous-estimation en ce qui les concerne). « Le traitement le plus fréquent et le plus efficace consiste à porter une Cpap (Continous positive airway pressure) pendant le sommeil », détaille le spécialiste.  Les autres solutions vont des orthèses d’avancée mandibulaires à la chirurgie, à côté d’une piste plus nouvelle, celle de la stimulation du génioglosse, muscle de la langue qui permet de faciliter le passage de l’air. En tout cas, traiter l’apnée du sommeil est une nécessité.

 

 Bartolo Russello : pour devenir un acteur du changement

« Pour certains patients qui présentent une ‘ronchopathie’, associée ou non à l’apnée du sommeil, il existe une nouvelle prise en charge thérapeutique : la rééducation myofonctionnelle », explique M. Bartolo Russello, Kinésithérapeute au CHR Haute Senne.

Basée sur des exercices spécifiques, cette technique vise à renforcer le tissu musculaire de certaines structures (le voile du palais, les tissus du pharynx, la langue…) qui s’abaissent en créant un obstacle et vibrent comme une voile lors du passage de l’air en position couchée. Peu compliqués, mais nécessitant un apprentissage spécifique initial, les mouvements à effectuer ont pour objectif de redonner du tonus à ces muscles. Deux conditions restent cependant indispensables : avoir au préalable consulté le Pneumologue et l’ORL, afin de déceler une pathologie des voies aériennes supérieures et pulmonaire méconnue. Puis, après l’examen consultatif du Kinésithérapeute, intégrer les exercices adaptés à chaque patient (en général, via 9 séances), et les pratiquer quotidiennement (24 minutes en moyenne, selon les dernières études).

Dernier point, précise M. Russello : la rééducation ne fait pas tout. Elle s’intègre dans une hygiène de vie globale, permettant par exemple d’inciter à la pratique d’exercices physiques contrôlés dans leur intensité, et la perte de poids lorsqu’elle est nécessaire.

 

Pascale Gruber